Certains pollinisent, certains recyclent… mais ils font tous partie de la grande chaîne alimentaire. Malheureusement pour eux et heureusement pour nous, les insectes sont les proies d’une multitude d’animaux (et même parfois de plantes carnivores), dont certains sont chéris des humains. Ainsi, une grande partie des oiseaux qui chantent dans nos jardins ne survivrait pas sans insectes, ou leur nombre diminuerait fortement. C’est déjà le cas de certaines populations d’oiseaux depuis plusieurs décennies. Dans un écosystème "à l’équilibre", aucune espèce ne prend le pas sur l’autre.
Entre eux aussi, ils se mangent. Les libellules et leurs larves mangent d’autres insectes, au-dessus et en dessous de l’eau ! Les larves de certains syrphes dévorent de nombreux pucerons. En plus des oiseaux, bien d’autres animaux sont insectivores : amphibiens, lézards, serpents, musaraignes, hérissons, etc. Tout ce petit monde se régule, pour peu qu’on lui en laisse l’occasion.
Dans un environnement propice (où au moins une petite place est laissée au "sauvage"), les pucerons subissent les attaques de nombreux prédateurs et de parasites. Par exemple, en plus des assauts des larves de syrphes, des coccinelles, de micro-guêpes pondent directement dans leur corps, les larves se développent au détriment de leur hôte et finissent par les tuer. Tous ces prédateurs et parasites ont besoin de milieux de vie propices, qui leur offriront gîte en plus du couvert.
Ceux qui mangent des plantes les régulent, et participent donc aux équilibres naturels. Les prédateurs régulent les herbivores, se régulent aussi entre eux.
Les environnements trop entretenus ne favorisent généralement pas cette diversité qui est notre alliée.
On entend et lit souvent que les insectes seraient « très utiles ». Mais utiles pour qui ? Pour moi, eux, nous ? Lorsqu’on y réfléchit mieux, cette façon de voir les êtres vivants est centrée sur l’Homme. Les insectes auraient-ils été placés sur Terre pour nous rendre service ? Il fut un temps, nous le croyions. Mais depuis cent cinquante ans et la publication de la théorie de l’évolution, nous savons qu’il n’y a pas de hiérarchie dans le vivant et que nul être vivant n’est au service de l’autre. L’évolution propose par hasard et sans intention, l’environnement dispose.
Combien de temps les insectes seront-ils encore considérés comme nos petits esclaves, dévoués et prompts à polliniser nos fleurs, fertiliser nos sols, recycler nos déchets ou encore servir de nourriture aux oiseaux que l’on apprécie ? Si cette étape intellectuelle de l’utilitarisme du vivant semble encore nécessaire pour accepter celui-ci, il est désormais utile de rappeler qu’elle est obsolète.
L’un des buts de nos actions d’information et de sensibilisation est donc de nous amener à voir les insectes pour ce qu’ils sont, intrinsèquement, et non comme des « utilités ». D’autant que si nous, êtres humains, devions répondre de notre « rôle écologique » sur la planète, nous serions bien ennuyés !
La question de l’utilité reste malheureusement trop souvent d’actualité.
Utiles à qui ? Généralement c’est à l’humanité que l’on pense quand on pose cette question. Pourtant les insectes ne « travaillent » pas pour nous. Les insectes, comme tous les animaux, font partie intégrante des écosystèmes. Ils occupent différentes places, et participent donc à leur bon fonctionnement. Les insectes sont présents (presque) partout en très grand nombre, leur place au sein des écosystèmes est fondamentale.
Certains insectes sont encore trop souvent qualifiés de « nuisibles » (bien que ce terme soit depuis longtemps rejeté par la communauté scientifique), alors que les dégâts qu’ils provoquent sont généralement liés à une gestion intensive et inappropriée des écosystèmes (monocultures intensives, utilisation de pesticides appauvrissant considérablement la quantité et la diversité des insectes, dont les régulateurs naturels…).